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2 octobre 2025Quel vin du Bugey choisir pour accompagner un plat à la truffe ?
La truffe du Bugey, un trésor retrouvé
Il y a un siècle et demi, les marchés de Belley bruissaient d’odeurs et d’animations : on y négociait jusqu’à 7 500 kg de truffes par an ! Brillat-Savarin, enfant du pays, l’avait baptisée le « diamant noir de la gastronomie ». Tombée dans l’oubli au fil du temps, la truffe du Bugey retrouve aujourd’hui ses lettres de noblesse
Patience et passion
Relancée par des producteurs passionnés, la trufficulture bugiste couvre désormais près de 80 hectares de plantations. Les arbres, soigneusement mycorhizés, doivent attendre une dizaine d’années avant de livrer leurs premiers trésors. Sols calcaires, eau, lumière, faune souterraine… l’écosystème fragile de la truffe exige respect et minutie.
+ d'infos : Les Trufficulteurs du Bugey • Contact : trufficulteursdubugey@gmail.com


Les accords vins et truffe
La truffe noire, aussi surnommée diamant noir de la gastronomie, fait partie des produits les plus nobles de la cuisine française. Son parfum envoûtant sublime les recettes, de la plus simple à la plus élaborée. Dans le Bugey, ce champignon rare appartenant à l’espèce Tuber melanosporum et recherché retrouve aujourd’hui ses lettres de noblesse grâce à des producteurs passionnés. Mais une question revient toujours : quel vin du Bugey choisir pour accompagner un plat à la truffe ?
Voici quelques associations où les vins du Bugey révèlent toute leur élégance.
1/ La légèreté d’un pétillant pour un apéritif au beurre truffé
À l’apéritif, le toast de beurre truffé est une mise en bouche simple et raffinée qui met en valeur le parfum envoûtant de la truffe noire. Son onctuosité en fait un support idéal pour révéler toute la puissance aromatique de la truffe du Bugey.
Le gras du beurre appelle une boisson capable de l’alléger sans masquer la truffe. Ici, le Brut Zéro, pétillant du Bugey AOC, apporte fraîcheur et tension. Ses bulles fines créent un contraste réjouissant, aiguisent le palais et soulignent la complexité aromatique du diamant noir. C’est un accord de contraste typique de la gastronomie française : intensité et légèreté s’équilibrent pour un apéritif réussi.
Issu du cépage Chardonnay, le Brut Zéro séduit par ses notes d’agrumes, de fleurs blanches et de pêche. Non dosé, il exprime une bouche pure, structurée et élégante. Un vin de terroir aux bulles fines et élégantes, preuve que le Bugey excelle aussi dans les cuvées de prestige.
2/ Le mariage d’un fromage crémeux et d’un vin floral
Le Brillat-Savarin truffé est une alliance de gourmandise et de raffinement. Fromage crémeux par excellence, il gagne en intensité lorsqu’il est garni de lamelles de Tuber melanosporum, puis laissé à maturer quelques jours pour que ses saveurs s’imprègnent.
Pour équilibrer ce mets riche et onctueux, un vin blanc vif et floral est de mise. La Roussette du Bugey AOC, issue du cépage Altesse, offre fraîcheur et élégance. Ses arômes de fleurs blanches et sa vivacité viennent alléger le gras du fromage, tandis que son élégance met en valeur la subtilité de la truffe du Bugey.
Vin d’identité régionale, la Roussette du Bugey se distingue par sa finesse et sa minéralité. Élevée sur des terroirs calcaires, elle développe des notes d’acacia et de fruits à chair blanche. Un vin de caractère, fin et persistant, qui illustre l’art des accords mets et vins en gastronomie française.
3/ Vin blanc ou vin rouge avec des noix de Saint-Jacques aux truffes ?
La question peut surprendre tant le mariage St Jacques et vin blanc paraît évident. Et pourtant…
Les noix de Saint-Jacques poêlées sont réputées pour leur chair tendre et leur goût iodé raffiné. Associées à une fondue de poireaux et relevées de truffe du Bugey, elles composent un plat d’une grande délicatesse, où les saveurs de la mer s’unissent à l’intensité de la terre.
Ce mariage subtil peut s’exprimer de deux façons, selon l’humeur et la préférence des convives. La Roussette de Virieu, avec sa fraîcheur florale et sa rondeur, accompagne à merveille la finesse des Saint-Jacques, soulignant leur douceur iodée et mettant en valeur la truffe noire. À l’inverse, un vin rouge crée un contraste audacieux avec les St Jacques. Le Gamay Vieilles Vignes avec son fruité intense, ses notes fumées et sa vitalité apportent une dimension plus vive et plus audacieuse, qui dynamise la texture onctueuse du plat.
La Roussette de Virieu, cru rare issu du cépage Altesse, se distingue par ses petits rendements et sa vendange manuelle, gage de précision. C’est un vin gras, aromatique, aux arômes d’acacia et de fleurs blanches, parfait pour les accords délicats de gastronomie française. Le Gamay Vieilles Vignes, corsé et structuré, séduit par son bouquet de fruits rouges, ses touches de violette et de réglisse. Deux interprétations différentes d’un même plat, qui illustrent toute la richesse des accords mets et vins du Bugey.
4/ L’omelette truffée, le réconfort sublimé par le Manicle
Plat incontournable des marchés d’hiver, l’omelette aux truffes est à la fois simple et majestueuse. Quelques œufs frais, de fines lamelles de truffe noire melanosporum du Bugey et une cuisson maîtrisée suffisent pour créer un mets qui allie convivialité et raffinement. Derrière son apparente simplicité, ce plat illustre parfaitement l’esprit de la gastronomie française : magnifier des produits du terroir par une préparation sobre et élégante.
Pour accompagner l’onctuosité des œufs et le parfum envoûtant de la truffe, il faut un vin blanc ample et généreux, capable de soutenir la richesse du plat sans la dominer. Le Manicle blanc cuvée des Éboulis répond à ce défi avec brio. Sa rondeur, ses arômes grillés et sa belle longueur prolongent les saveurs de l’omelette et apportent une profondeur supplémentaire à l’ensemble. Cet accord incarne l’alliance parfaite entre terroir bugiste et produit d’exception.
Issu du cépage Chardonnay, le Manicle blanc est un cru prestigieux du Bugey, situé sur la commune de Cheignieu-la-Balme. Sa robe dorée, son nez puissant d’amande grillée, de noisette et d’acacia, ainsi que sa bouche équilibrée et riche, en font un vin de gastronomie par excellence. Avec l’âge, il évolue vers des arômes de miel et de fruits secs, renforçant encore sa capacité à sublimer les plats truffés. Un vin d’élégance et de caractère, taillé pour les grands accords mets et vins.
5/ Tournedos Rossini et Manicle rouge : l’accord des puissances
Plat mythique de la gastronomie française, le tournedos Rossini associe trois ingrédients d’exception : un filet de bœuf tendre, une tranche de foie gras poêlé et des lamelles de truffe noire. C’est une recette riche et complexe, qui incarne à elle seule le raffinement culinaire du XIXᵉ siècle, toujours plébiscité aujourd’hui sur les grandes tables. La truffe du Bugey vient y ajouter une dimension aromatique profonde et envoûtante.
Un plat d’une telle intensité exige un vin rouge structuré, capable de rivaliser avec le foie gras et la truffe sans écraser la délicatesse de la viande. La cuvée de la Truffière en Manicle rouge offre un équilibre idéal entre puissance et finesse. Ses tanins souples et sa profondeur aromatique apportent de la tenue, tandis que ses notes fruitées et épicées prolongent la richesse du plat. C’est un mariage de caractère, où la force et l’élégance se répondent en harmonie.
Issu du cépage Pinot Noir, le Manicle rouge est l’un des crus les plus réputés du Bugey. Planté sur des coteaux abrupts exposés plein sud, il bénéficie d’un ensoleillement généreux et d’un terroir d’éboulis calcaires qui lui confèrent sa typicité. Corsé et très fruité, ce vin développe des arômes de cerise, de moka et de sous-bois. Comme dans un mariage, la maturité apporte la sagesse : un Manicle rouge vieilli devient un compagnon plus tendre, plus nuancé, qui sublime la truffe avec encore plus de justesse.
6/ Quand la Bresse rencontre le Bugey : la poularde en demi-deuil à l’heure du vin
Véritable fleuron de la gastronomie lyonnaise et produit d’exception de l’Ain, la poularde de Bresse en demi-deuil doit son nom aux rondelles de truffes glissées sous la peau, visibles après cuisson. Ce mets raffiné, sublimé par des chefs emblématiques comme la Mère Brazier ou Paul Bocuse, incarne la rencontre entre deux produits nobles de notre territoire : la volaille de Bresse et la truffe noire du Bugey. C’est une recette de fête, où patience et précision transforment un plat traditionnel en chef-d’œuvre culinaire. Ici encore, 2 écoles s’affrontent : les partisans du vin blanc et ceux du vin rouge.
Un plat aussi prestigieux se prête à deux interprétations. La première privilégie le contraste avec le Machuraz blanc, Chardonnay vif et fruité qui apporte fraîcheur et éclat. Ses notes d’agrumes et sa tension minérale allègent la richesse de la volaille et la puissance de la truffe. La seconde joue la complémentarité avec le Manicle rouge cuvée des Rocailles, cru du Bugey issu du Pinot Noir. Sa finesse, son fruité délicat et son léger boisé s’accordent parfaitement aux saveurs de la poularde et aux arômes envoûtants de la truffe du Bugey.
Le Machuraz blanc séduit par sa robe pâle et lumineuse, ses arômes de fleurs blanches et d’agrumes et sa bouche équilibrée, idéale pour des accords gourmands. À l’opposé, le Manicle rouge cuvée des Rocailles, planté sur des coteaux abrupts, exprime toute la noblesse du Pinot Noir : fruits rouges, griotte, touche boisée élégante et tanins fondus. Deux styles différents, complémentaires, qui illustrent à merveille la richesse des Saveurs de l’Ain.
7/ Manicle et truffe du Bugey : 2 terroirs au caractère bien trempé
Rarement un plat n’aura concentré autant d’histoire et de symboles. L’Oreiller de la Belle Aurore est un pâté en croûte monumental, composé de viandes nobles, de gibiers et de truffes, cuit dans une pâte dorée. Il doit son nom à Aurore Récamier, la mère de Brillat-Savarin, qui créa cette recette en hommage à son fils. Jean-Anthelme Brillat-Savarin, gastronome illustre et natif de Belley, considérait ce mets comme l’une des expressions ultimes de la cuisine bourgeoise française. On dit même qu’il possédait un grangeon à Manicle, ce qui renforce encore le lien entre ce plat mythique, la truffe et le vignoble du Bugey.
Un plat aussi riche et complexe appelle un vin de même stature, capable de soutenir la puissance aromatique de la farce et l’élégance de la truffe. Comme le rappelle l’académicien et historien Jean-Robert Pitte : « Un grand pâté-croûte mérite un grand vin blanc ». Le Manicle blanc cuvée de l’Amandier illustre parfaitement cette vérité. Son acidité maîtrisée équilibre le gras du pâté, tandis que sa puissance aromatique répond à la complexité du plat. Ensemble, ils créent un accord où chaque saveur trouve sa place dans une harmonie rare.
Issu du cépage Chardonnay, le Manicle blanc est l’un des crus les plus prestigieux du Bugey. La cuvée de l’Amandier provient d’une parcelle précoce, dominée par un arbre qui lui donne son nom. Ce vin sec, puissant et charpenté développe des arômes de fruits secs, de fleurs blanches et une minéralité singulière. Avec le temps, il gagne en profondeur et en complexité, atteignant une dimension digne des meilleurs blancs de gastronomie française. Servi avec l’Oreiller de la Belle Aurore, il scelle l’union de deux légendes bugistes : la truffe noire et le vignoble de Manicle.